Conversation avec Gilles Duceppe

Comme vous le savez, Gilles Duceppe est venu dans ma compagnie (Avior Produits Intégrés) mardi après-midi. J’en ai donc profité pour aller lui parler. J’ai beaucoup apprécié ce contact très direct, sans intermédiaire, les yeux dans les yeux. C’est le premier politicien que je rencontre et qui répond aux questions qui m’intéressent, moi.

Malheureusement, on n’avait pas deux heures, donc je n’ai abordé qu’un thème, et j’ai choisi les accommodements raisonnables. Globalement je trouve qu’il m’a donné de bonnes réponses, mais petit bémol, ça manque quand même d’actions concrètes. Je lui ai posé plusieurs questions, mais après coup j’ai pensé que j’aurais du plus insister sur ma propre opinion.

Enfin, il faudrait faire une analyse complète du contexte dans lequel s’inscrit cet échange. Je le ferais bientôt. Pour le moment, voici notre conversation (de mémoire, mais c’était il y a quatre heures à peine).

  • Solenne : Monsieur Duceppe, j’ai une question à vous poser.
  • Gilles Duceppe : Allez-y, je vous écoute!
  • Solenne : Parlez-moi des accommodements raisonnables. Est-ce qu’on en fait trop ? Est-ce qu’on en fait pas assez ? Est-ce qu’on les fait mal ?
  • Gilles Duceppe : Les accommodements raisonnables, c’est un concept juridique. Et des extrémistes, des gens pas tolérants, il y en a partout, dans toutes les sociétés et ici aussi. Mais avant tout je voudrais dire que moi, je pense que c’est aux immigrants de s’adapter à nos coutumes et les québécois doivent les aider à s’intégrer. Je prends un exemple, les croix de chemins[[calvaire]] : moi, je trouve ça beau. Bon, on va pas les enlever parce qu’il y a des gens que ça dérange. De même, quand les talibans ont fait exploser les Buddhas en Afghanistan, j’ai trouvé ça regrettable. C’est pas une question de religion, parce que moi je ne crois en rien. Je n’ai pas de religion en particulier. Mais ça n’empêche pas que quand c’est Pâques et que je rencontre des gens je leur souhaite « Bonne Pâques ».
  • Solenne : Leur souhaitez-vous aussi un bon [?Aïd el-Kebir] ?
  • Gilles Duceppe : Comment?
  • Solenne : L’Aïd. Souhaitez-vous un bon Aïd el-Kebir aux personnes concernées quand c’est la période?
  • Gilles Duceppe : Je ne connais pas cette fête là. Mais je respecte les différentes fêtes religieuses, comme le ramadan, le [?Yom Kippur] … La même chose pour le foulard, la même chose pour le…, la … (Il met la main sur l’arrière de sa tête)
  • Solenne : La [?kippa].
  • Gilles Duceppe : Oui, la kippa, je respecte ça, comme je respecte les femmes qui veulent porter le foulard. Le voile, ce n’est pas la même chose. Il faut que l’on puisse voir le visage des femmes. Il faut qu’on puisse établir le contact, dans les yeux, pour les institutrices par exemple. De même pour les photos d’identité. Et je constate qu’il y a des sports où on ne peut pas porter le foulard. On ne peut pas faire de la natation avec un foulard…
  • Solenne : Non, mais on peut jouer au football avec.
  • Gilles Duceppe : … tant que la fédération le permet. D’ailleurs je vous signale qu’à Sidney, c’est une algérienne qui a gagné le 200 mètres dash[[200 mètres-haie]], et elle ne portait pas de foulard. Elle était en petit short, court. Elle était habillée en sportive. Et pourtant elle est algérienne.
  • Solenne : Oui, enfin l’Algérie, ce n’est pas l’Arabie Saoudite. Les cultures et les pratiques ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, il y a des accommodements que je ne trouve pas raisonnables. Par exemple, à la ville de Montréal, les gens des religions minoritaires, on va dire, ont les jours de fête de leur religion en plus des autres jours fériés. Ça, ce n’est pas normal.
  • Gilles Duceppe : Oui, c’est vrai, parce que si on continue comme ça, ce ne sera pas long qu’il y en a un qui va s’inventer une religion avec beaucoup beaucoup de jours fériés.
  • Solenne : Oui.
  • Gilles Duceppe : C’est pour ça que je propose de créer une banque de temps cumulant les vacances et les jours fériés. Ça ferait 14 jours de vacances + 5 jours fériés par exemple. Donc des personnes qui voudraient une fête religieuse de 2 jours par exemple, auraient 2 jours de vacances en moins.
  • Solenne : Et comment ils feraient pour travailler les deux jours ou le reste de l’entreprise serait en vacances?
  • Gilles Duceppe : On peut répartir ces deux jours en heure supplémentaire par exemple.
  • Solenne : Ça va être compliqué, mais d’accord. Alors, ça, c’est la position du bloc, c’est bien ça ?
  • Gilles Duceppe : C’est ma position à moi.
  • Solenne : Et le bloc ?
  • Gilles Duceppe : Il faut faire très attention avec ce sujet, parce qu’après il y a des gens comme [?Mario Dumont] qui disent des choses…
  • Solenne : Oui, on va laisser Mario Dumont et ces exagérations de coté.
  • Gilles Duceppe : Il faut faire très attention à ce niveau là.
  • Solenne : Oui, on est d’accord.
  • Gilles Duceppe : D’ailleurs ça, c’est comme Hérouxville.
  • Solenne : Oui, on va pas parler de Hérouxville, c’est un cas particulier.
  • Gilles Duceppe : Ça a été complètement monté en épingle cette affaire là.
  • Solenne : Oui, oui, je pense que les média ont fait peur aux gens d’Hérouxville. Il ne se passait rien chez eux, ils ont allumé la télé et ce qu’ils y ont vu leur a fait peur. Mais c’est un cas particulier.
  • Gilles Duceppe : Ces gens là ne sont pas plus intolérants que les autres.
  • Solenne : Non, non.
  • Gilles Duceppe : D’ailleurs, vous savez qu’il y a notamment une femme musulmane qui a été les voir. Elle est originaire du Liban.
  • Solenne : Oui, absolument.
  • Gilles Duceppe : En revenant, elle s’est présentée devant nous en disant « Alors, j’ai été voir ces braves montagnards perchés sur leur colline ». Alors, déjà, ça commençait mal.
  • Solenne : Oui, ce n’est pas brillant. Je ne savais pas ça.
  • Gilles Duceppe : Et elle a fini en disant « J’avais ma liberté au Liban, je l’ai perdue en arrivant au Québec ». Alors, je crois qu’il ne faut pas exagérer, quand même !
  • Solenne : Oui, on est d’accord. D’ailleurs globalement je suis d’accord avec ce que vous dites. Je suis plutôt d’accord avec ce que vous voulez faire. Mais il faut agir. Moi, ma job c’est de donner des dates à Bombardier. Ils veulent savoir quand on va shiper les pièces. Quand ils les recevront. Quand ? Alors je vous pose la même question. Quand allez vous agir ?
  • Gilles Duceppe : A l’automne, il y a une commission qui va être constituée. Je vais témoigner devant cette commission.
  • Solenne : Et ensuite, quelle est la procédure ?
  • Gilles Duceppe : Ensuite la commission va faire un rapport.
  • Solenne : Savez-vous quand ? Et les recommandations de ce rapport vont-elles être appliquées ?
  • Gilles Duceppe : Eh bien ça, ça dépend de qui est au pouvoir.
  • Solenne : Donc en fait dans un an, on sera encore là, à discuter ?
  • Gilles Duceppe : Eh bien, dans un an on aura le rapport.
  • Solenne : Mwai, bon… En tout cas je vous remercie d’avoir répondu à mes questions. Merci beaucoup d’être venu.
  • Gilles Duceppe : Bienvenue. Ça m’a fait plaisir.