Visite du 1ier Ministre français au Canada

Lors de sa visite au Canada, Jean-Marc Ayrault, premier ministre français s’est arrêté à Montréal où la communauté française a été invitée à venir l’écouter. Il était accompagné d’une flopée de ministres dont Delphine Batho et Benoit Hamon.

J’ai eu la chance de lui serrer la main et d’échanger quelques mots avec lui.

M. Ayrault a donc fait un bref discours, 15 min peut-être, avant d’entonner la Marseillaise. A ma grande surprise, il n’y a pas eu de période de questions / réponses. Il est tout de suite descendu dans le public serrer des mains. Et étonnamment les gens ne se sont pas rués sur lui, j’ai pu m’approcher assez facilement. Et encore plus étonnant, les gens ne lui posaient aucune question. Ils se faisaient prendre en photo (Ça faisait un peu beauf…) Donc je me suis dit que puisque j’en avais l’occasion j’allais lui poser moi-même une question. Je lui serre la main et lui demande donc:

Solenne – « M. le Premier Ministre, quelle est la plus grande réforme de ce quinquennat ? »

M. Ayrault – « heu… et bien, vous avez entendu il y en a plusieurs. (pause) Mais peut-être la refondation de l’école. »

Cette réponse m’a à la fois surpris et déçue. J’ai pensé « Mais ce n’est pas une réforme liée à l’emploi, ça ».

Après nous avoir dit dans son discours que sa première priorité est la lutte contre le chômage (sic) je m’attendais à ce qu’il dise quelque chose pour favoriser la croissance, la création d’entreprises et l’emploi. Eh ben non. L’éducation.

Bien sûr que l’éducation c’est important. Sans aucun doute. Mais la formation qu’on reçoit en France me parait satisfaisante. On peut toujours mieux faire (cf les langues), mais je ne vois pas de problème majeur à ce niveau. Alors qu’au niveau de l’emploi, là, je vois un problème majeur ! Et il semble que lui aussi. Alors pourquoi n’est-ce pas la 1ière chose qui lui vient à l’esprit ? Il me semble qu’il ne devrait parler que de ça, faire baisser le chômage, créer des emplois en France, etc. Non. L’éducation.

Ben non, je ne suis pas d’accord.

En plus ma question était on ne peut plus facile. Je ne comprends pas qu’il a hésité et qu’il a cherché une réponse. Ça devrait être limpide dans sa tête: priorité n°1 et action à mener à ce niveau. priorité n°2 et ainsi de suite.

Ben non, ça a l’air nébuleux… Je me dis que si j’avais donné des réponses comme ça quand j’ai passé les concours, je n’aurai pas eu une très bonne note à l’oral.

Et puis je ne suis pas une journaliste. Je suis juste une jeune française expatriée qui était contente d’approcher le Premier Ministre. Il aurait dû me varloper vite-fait-bien-fait avec ma question à deux balles. Mais pas du tout. « heu… peut-être la refondation de l’école » Pour le leader charismatique on repassera.

Par ailleurs, j’ai trouvé que son discours n’était qu’une liste de banalité. J’ai retenu les éléments suivants.

  1. il aime la communauté française du Canada et spécialement du Québec
  2. il sait que les français d’ici ont beaucoup d’attentes au niveau des Écoles françaises au Canada
  3. il comprend que les services consulaires sont très importants
  4. il met tout en œuvre pour réformer la France (mais encore ?)
  5. sa première priorité est la lutte contre le chômage (notez que c’est seulement le 5ième point ici)
  6. il ne va pas laisser les marchés financiers lui dicter leur loi.

Personnellement j’ai trouvé que c’était des banalités. On n’a pas besoin d’un Premier Ministre pour nous informer de cela. On attend plus d’un Premier Ministre. Personnellement j’attends de lui qu’il dise des choses percutantes qui font réfléchir. Je voudrais qu’il présente les choses d’une façon à laquelle je n’ai pas encore pensé. Qu’il fasse ressortir des enjeux, notamment internationaux, que je n’ai pas forcement perçus. Pour moi, de ce point de vu, c’est loupé.

Quant à chanter la Marseillaise après son discours, je m’excuse, mais j’ai trouvé ça retro. Je ne suis pas habituée aux réceptions à l’ambassade et déplacements ministériels, certes. Et je me doute que « ça se fait » de chanter l’hymne nationale dans ces occasions. Mais à mes yeux, ça met juste en avant le fait que l’administration française est coincée dans son carcan. Et puis j’ai trouvé que ça sonnait vaguement nationaliste. En fait avec le contexte ça faisait vieillot. Comme si Félix Faure s’était égaré, trompé d’époque et de lieu…

La conclusion, c’est que la gauche n’a pas gagné ma voix aux prochaines élections.