Catholicisme

Ça fait plusieurs fois que je me dis qu’il va falloir que je m’exprime clairement sur la religion. Le pape vient de faire des frasques. Je trouve ça lamentable, comme 95% de l’opinion publique. Mais ce n’est pas ça qui a fini par me faire asseoir devant mon clavier. C’est [?François Pinault]. Pinault ? Le milliardaire français ? Oui, oui, le François Pinault de PPR. Ecoutez plutôt l’émission Empreinte.

L’amateur d’art se demande ce qui fait la force d’une œuvre, sa capacité à émouvoir. « C’est comme la foi, c’est difficile expliquer. » Moi j’irai plus loin : Ça ne s’explique pas. Ça se ressent. Rigolade de mes proches, mon mari, mes parents, mon frère : Toi! Toi, tu dis à Descartes de se taire ?!! Oui et je m’explique. En fait, j’ai plein de trucs à mettre au clair, à commencer par le mystère de la foi. Mais pas seulement, profitons-en pour faire le point sur le christianisme en général, ses relations avec les autres religions et les non-croyants.

Première chose, je crois que par définition, la foi c’est le fait de croire sans preuve. A partir du moment où on apporte des preuves, il n’y a plus rien à croire. Au mieux on peut comprendre, mais ça devient fonder, ce n’est plus une croyance. J’ai toujours bien rigolé en lisant les 5 Preuves de l’existence de Dieu par St Thomas d’Aquin parce que d’après moi, en essayant d’expliquer, on passe à côté de l’essentiel. Les preuves tuent la foi.

Ensuite, c’est un fait, il y a 2000 ans, un habitant d’un obscure village de Galilée, Nazareth, a diffusé un message qui étonnamment, semble encore d’actualité aujourd’hui : « Aimez-vous les un les autres », en version américanisée et 70’s ça donne « peace and love ». Ce n’est pas parce qu’on est d’accord avec le message de Jésus, qu’on est d’accord aussi avec le pape actuel, ni avec la kyrielle qui a précédé d’ailleurs. Le nazaréen n’a jamais rien dit concernant la messe en latin, la sainteté de la ville de Jérusalem ou le devoir se renverser tel ou tel dictateur. Tous ceux qui ont déclaré des guerres au nom de Jésus se sont fourvoyés. Et tout le protocole mis en place par l’église est loin, très loin de la parole de Jésus et donc je rejette tout ça. Je rejette en particulier l’actuelle attitude de Benoit XVI. Je ne cherche pas à savoir s’il est négationniste ou s’il tolère le négationnisme, ou quoi que ce soit dans ce genre. Pour moi de toute façon, l’actuel pape et ses acolytes sont de vieux croutons immobiles qui s’acharnent à vivre dans un temps révolu et leur doctrine n’a plus vraiment de rapport avec le message du Christ. Vous avez déjà entendu ça quelque part ? Possible car en 1517 Luther et Calvin créent le schisme protestant car ils reprochent au Vatican de s’éloigner des écritures. Bref, le problème n’est pas nouveau…

Alors, avec tout ça, pourquoi j’ai tenu à me marier à l’église, me demandez-vous d’un air circonspect. Eh bien, pour la dimension identitaire. L’église est loin d’être parfaite, comme chacun d’entre nous. Et puis tout le monde ne suit pas l’actuel pape même au saint de l’église. Cf [?Hans Küng], le cardinal Martini ou Vito Mancuso dont on peut lire le point de vue sur lepoint.fr ou même des tas de gens simples qui trouvent que ça vire un peu dans les extrêmes.

L’église est certes loin d’être parfaite, mais le catholicisme est la religion de nos ancêtres, c’est nos racines. Les rites, et celui de mariage en particulier, ont été effectués par des générations et des générations avant nous. Répéter les même gestes c’est suivre la tradition, c’est dire que nous appartenons a cette ligné, bref c’est reconnaitre nos racines. C’est donc surtout pour la dimension identitaire que je m’y reconnais. J’irais même jusqu’à dire que c’est tribal. Je fais en sorte d’appartenir à la tribu. C’est important pour nous de pouvoir se situer, de pouvoir définir notre identité, surtout que géographiquement nous sommes loin de la tribu en question. Les moments forts doivent être marquant pour qu’on s’en souvienne à défaut d’avoir le souvenir tous les jours sous le nez.

C’est important de préciser que c’est surtout pour des raisons identitaires que je m’inscris aujourd’hui dans le catholicisme parce que les raccourcis rapides et réducteurs sont fréquents, surtout de la part des non-croyants. Je trouve qu’en Europe il y a un courant de non-croyants qui ont tendance à dénigrer les chrétiens et surtout les catholiques de façon méchante et dédaigneuse. Les gens veulent bien être tolérants pour les musulmans, les juifs, les bouddhistes et toutes les religions un peu lointaines. Ça les fait rêver quelque part. Ils ne connaissent pas très bien ces religions alors ils les imaginent telles qu’ils en ont envie. Mais le catholicisme, ça ils connaissent. C’est la religion que le curé a voulu leur faire renter dans le crâne à coup de règles sur les doigts, c’est la religion de leur vieille tante Alice, c’est des chants grégoriens super chiants, bref c’est nase. Et en plus il y a plein de scandales en ce moment. Alors dans un brillant raccourci, les gens pensant que parce qu’on est croyant on cautionne en bloc les évêques négationnistes, les prêtes pédophiles, les croisades et toutes les autres conneries que l’Eglise a pu engendrer. Non. Soyons clairs : non, ce n’est pas le cas.

Mon opinion personnelle est que Benoit XVI est un vieux ringard misogyne et rétrograde. Je pense aussi que les extrémistes musulmans d’aujourd’hui n’ont rien à envier aux croisés du Moyen-Âge. (cf Amin Maalouf, Les croisades vues par les arabes) Et que Pie X a une large part de responsabilité dans la [?Shoah].

Bref, retournons aux fondamentaux, relisons ce qu’a dit le Christ, tout en sachant que la Bible a été écrire, et censurée, par des hommes, donc qu’elle est imparfaite. Je crois aussi que ce culte, c’est nos racines. Les racines c’est là d’où on vient mais c’est aussi là d’où on s’éloigne. Ma conviction c’est que l’Eglise comme entité devrait faire comme chacun de nous, se souvenir d’où elle vient et comprendre qu’elle doit évoluer. Beaucoup de gens au sein même de l’Eglise le pense. Espérons qu’ils arriveront à imposer leur point de vue et qu’ils viendront à bout des peurs, des immobilismes et des conservatismes.