Il se passe quelque chose au Canada !!!

Le pays où il ne se passe jamais rien ! Ici les changements de gouvernement se font dans le calme et même la crise économique ne fait pas de vague. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Le gouvernement n’a même pas présenté de plan de relance : « les fondamentaux de notre économie sont sains ». Mmm, c’est bizarre j’ai déjà entendu ça quelque part…

Et pourtant [?Stéphane Dion] est en train de faire un coup d’état ! Mais que s’est il passé ?!!!

Le parlement d’Ottawa.
Le parlement d’Ottawa.

Le parlement d’Ottawa. Ce temple perdu dont Stéphane Dion part à la conquête.

Reprenons depuis le début.

Au Canada, le premier ministre peut déclencher des élections quand ça le tente. En octobre dernier, [?Stephen Harper], 1er ministre conservateur, sentant le vent tourner, déclenche des élections qu’il gagne. Bingo. Pendant ce temps au sud, l’économie plonge (subprime, immobilier, chute historique à Wall Street, crise économique, la totale). Dans un sursaut de lucidité, les américains élisent le type le plus à même de rétablir la situation et envoient paître Mc Cain et la sainteté de ses fondamentaux. C’est ainsi que le Canada se retrouve avec un gouvernement plus à droite que les Etats-Unis : bravo.

Obama, quand à lui, tout auréolé de sa gloire, prévoit un plan de relance de l’économie. Le reste du monde trouve que c’est une bonne idée, surtout les français après trois semaines de chômage technique chez PSA et Renault). C’est ainsi que Nicolas, Angela et leurs copains promettent des millions d’euros de relance notamment à l’industrie automobile mais aussi des soutiens aux ménages. Le monde entier élabore des plans à qui mieux-mieux, mais pendant ce temps, Stephen Harper, enfoncé dans son fauteuil en cuir à Ottawa nous explique à nouveau que « les fondamentaux de notre économie sont sains.»

C’en est trop pour l’opposition canadienne, surtout le libéral Stéphane Dion, qui n’est pourtant pas violent d’habitude à en juger par la vigueur de sa dernière compagne électorale loupée. Bref il réunit les leaders de l’opposition : Jack Layton ([?NPD], ce qui se fait de plus à gauche de ce côté de l’océan) et Gilles Duceppe ([?Bloc québécois], [?souverainiste], ou indépendantiste pour Ségolène Royal 😉 Les trois ensembles forment alors une coalition pour déstabiliser le gouvernement conservateur minoritaire d’Harper. C’est une première historique au Canada. Ta da da da ta da da, là c’est encore plus courageux qu’Indiana Jones.

En fait au prochain vote sur le budget, tous les partis d’opposition, c’est-à-dire les libéraux, le NPD et le bloc vont voter contre. Cela enlève la confiance au gouvernement conservateur minoritaire (C’est un peu comme une motion de censure) et la [?Gouverneure Générale du Canada], la très honorable [?Michaëlle Jean], sera obligée de demander à la coalition d’opposition de former un nouveau gouvernement.

C’est un véritable coup d’état ! C’est un putch ! Au Canada ! Le pays le plus calme et le plus pacifique du monde ! Un putch icitte, tabarnak !!!!

C’est un coup d’état dans le sens où les partis qui ont perdu les élections en octobre renversent le gouvernement deux mois après. Ceci dit, il faut tempérer (on est au Canada quand-même) :

  • Ensemble, les trois partis membres de la coalition ont obtenu 54 % du vote populaire le 14 octobre dernier.
  • Sans le bloc, les libéraux auraient alors établis un gouvernement libéral minoritaire
  • La coalition prend le pouvoir en toute légalité, dans le respect de la constitution
  • La Gouverneure Générale est la garante de l’autorité morale au Canada. Si elle trouve que l’opération n’est pas correcte, elle ne donnera pas l’opportunité à la coalition de former un gouvernement.

Enfin voila, je pense qu’il est en train de se passer le truc le plus excitant de l’histoire politique du Canada depuis la création du PQ. ( [?Parti Québécois] et rien d’autre). Un gars très modéré et un peu mou, mais très gentil (Stéphane Dion) va devenir premier ministre, bref tout va rentrer dans l’ordre et on va pouvoir retourner regarder le hockey tranquillement.