Pourquoi je suis contre le « salaire maternel »

Périodiquement l’idée du salaire maternel refait surface, d’un bord ou l’autre de l’océan. Je suis contre cette mesure qui me semble démagogique. Comme on ne doit pas critiquer sans proposer autre chose, voici ma proposition : un mixe de ce qui se fait au Québec et en France. Ma solution idéale serait les allocations familiales plus le congé parental :

1. Des allocations familiales exponentielles jusqu’à un plafond. Plus tu as d’enfants, plus tu as de sous 😉 Et cela pour toutes les familles, travaillant ou pas. C’est positif parce que ça incite à faire des enfants et en même temps, ça n’incite pas à rester à la maison parce que tu touches l’argent EN PLUS si tu continues de travailler.

2. Le congé parental de un an ou presque, pour le père ou la mère au choix. Ce qui permet de s’occuper de l’enfant et en même temps ça ne détruit pas le lien avec le travail puisque l’entreprise est obligée de reprendre le salarié après le congé. C’est plus compliqué que la solution du salaire maternel, c’est vrai, mais c’est plus en phase avec la réalité. Dans la réalité hommes et femmes ne sont TOUJOURS pas égaux et une mesure qui parait bonne à première vue implique souvent des effets secondaires non désirés.

Plus en détail, je suis contre l’idée du salaire maternel parce que :

  1. Ça va à l’encontre de la liberté des femmes,
  2. C’est un incitatif à rester à la maison,
  3. Ça implique que les femmes qui travaillent n’élèvent pas bien leur enfants, voir pas du tout,
  4. Ça anéantie la lutte des femmes pour l’égalité,
  5. Ça ébranlerait la dignité des femmes,
  6. C’est impossible à financer.

Voyons cela un peu plus en détail :

1. Ça va à l’encontre de la liberté des femmes

2. C’est un incitatif à rester à la maison

Si on paye une personne, homme ou femme, pour rester à la maison et élever ses enfants, la personne a le choix entre travailler pour gagner de l’argent et rester à la maison pour gagner aussi de l’argent. N’importe qui choisirait de rester à la maison. Cependant ce ne sera pas n’importe qui ! Parce que les salaires des femmes sont toujours inférieurs de 1/3 à ceux des hommes. Donc le couple, qui est un minimum rationnel quand même, va choisir de maximiser ses revenus en remplaçant le salaire de la femme par une rémunération à rester à la maison.

Conclusion : ce sont bien les femmes qui sont incitées à rester à la maison.

3. Ça implique que les femmes qui travaillent n’élèvent pas bien leur enfants, voir pas du tout

Le principe du salaire maternel est de payer une femme pour élever ses enfants au lieu de payer une éducatrice pour le faire. Ça veut dire que c’est la femme à la maison ou l’éducatrice qui assume tout le poids, entier et indivisible, de l’éducation de l’enfant. Donc selon ce bon principe, la femme qui travaille n’éduque pas du tout son enfant. Même pas un petit peu, parce qu’elle n’est pas rémunérée du tout, même pas un petit peu.

Alors que c’est complètement faux.

Dans une semaine, il y a 168h

Moins 40h travaillées, il en reste 128

Moins 70h dormies par le bébé, il en reste encore 58 !

Dans tous les cas, la femme qui travaille passe quand même plus de temps avec son enfants que l’éducatrice (et toc !)

Par ailleurs, perso, je pense que sur ce point c’est plus la qualité que la quantité qui prime. Si tu passes beaucoup de temps avec ton enfant juste pour des corvées, ça m’étonnerait que tu lui transmettes quelque chose de bien positif…

4. Ça anéantie la lutte des femmes pour l’égalité

Il ne faudrait pas oublier quand même qu’il y a 30 ans, les femmes ce sont durement battues pour obtenir l’égalité ! Et même aujourd’hui, les salaires ne sont toujours pas rigoureusement les même !

Elles se sont battues pour avoir le droit de travailler.

Vous n’allez tout de même pas vous battre pour avoir le droit de retourner à vos pénates quand même !

Franchement, il faut bien admettre que les gars exagéraient.

Si on retourne faire des bébés et s’occuper de la maison, on va forcement retomber dans cette situation d’où on a eu tant de mal à se sortir !

Il est prioritaire et fondamentale de conserver le droit des femmes au travail et surtout d’éviter les pressions sociales qui voudraient les renvoyer à leur pénates.

(OK, je vire peut-être un peu au mélo, mais vous savez que c’est vrai !)

5. Ça ébranlerait la dignité des femmes

  • D’abord bravo pour l’idée d’être payer à pondre. Franchement on n’est pas des poules. Je veux bien qu’on choisisse librement de rester à la maison, mais de la à être payée pour ça, comme d’autres sont payés à faire des petits trous dans les pièces en caoutchouc, il y a une limite.
  • Imaginez-vous les ruées des femmes à bas salaire vers ce type d’invention ? Toutes les filles qui font des petit trous dans les pièces en caoutchouc justement, ou de la saisie informatique ou autres tâches super ennuyeuses, elles n’hésiteraient pas une minute à être payées à rester à la maison !
  • Et celles qui exploiterait le système. Les filles qui sont présentement sur le BS, ou le RMI qui n’ont pas envie de bosser et qui se métraient à faire des enfants juste pour avoir de l’argent. Bravo ! Quelle éthique ! Quelle belle mentalité !

6. C’est impossible à financer

De toute façon, le salaire maternel est une cause perdue d’avance parce que c’est impossible à financer.

  • D’abord d’où le gouvernement sortirait-il les milliards de $ nécessaires pour rémunérer toutes ces personnes ? Tous les gouvernements, à l’exception du fédéral canadien, sont déficitaires. Ils n’ont déjà pas d’argent, donc de toute façon, ils ne pourraient pas payer des salaires en plus.
  • Il faudrait bien commencer un jour x, et toutes les femmes qui ne travaillaient pas pour élever leur enfants au jour x-1 se plaindraient, demanderaient des compensations, pourquoi pas nous, etc.

Donc en fin de compte, il n’y a pas de débat, puisque c’est juste irréalisable.