Du Mont Blanc au Cervin

Etape 28 : Courmayeur – Alpe di Séchéron

Dimanche 17 juin 2007 – Nicolas

Deux bons pains au chocolat pour commencer la journée et c’est parti vers la crête qui va nous donner des vues splendides sur les Grandes Jorasses et le Mont Blanc. J’adore la randonnée lorsque l’on monte. J’aime l’effort qu’il faut produire pour se hisser avec son sac à dos jusqu’au sommet, au col ou à la crête. Dans ces moments là, on ne parle pas. Chacun est concentré et écoute la respiration de l’autre. Je fais toujours attention à Solenne qui est juste derrière moi, bien callée dans mon pas. Si je sens qu’elle peine plus que normal, je ralentis ou je lui prends du poids. Mais en général on est en harmonie.

Les montées commencent toujours très raides dans la forêt. L’ombre est la bienvenue. Au fur et à mesure, les arbres deviennent plus petits et finissent par disparaitre pour laisser place aux alpages avec les petites fleurs de montagnes.

En général, après une heure d’effort, nous avons fait au moins 400 mètres de dénivelé et on s’arrête pour manger une barre de céréales. On repart plein d’énergie.

Lorsqu’on dépasse 2500 m, les alpages laissent place aux roches et à la neige. Il fait plus froid et le vent augmente. Mais aujourd’hui, le beau temps est stable, et à 2200 m, sur la crête, nous pique-niquons dans l’herbe. Les Grandes Jorasses sont à portée de main et on entend même les séracs craquer. C’est spectaculaire. En plus, on s’est concocté un risotto aux champignons séchés avec du bouillon de légumes ! Excellent ! Viva Italia !

En passant au refuge Bertone, on a encore vu une banderole indiquant le 75e km de l’ultra trail du Mont Blanc. Pendant la montée, j’y pense beaucoup. J’espère pouvoir le faire un jour. En tout cas, l’an prochain, je me mets aux trails.

Nous arrivons à 15 h à une bergerie en ruine et décidons de camper à côté au cas où il pleut.

Etape 29 : Alpe di Séchéron – Saint Oyen

Lundi 18 juin 2007 – Solenne

Il a plu toute la nuit. Un éclair nous a même brutalement réveillés vers 3 heures. Pourtant, à 6h30, lorsqu’on se réveille, miracle, il ne pleut plus. Nous partons vers le col Malatra (2900m) que j’ai rebaptisé « col Croco ». En effet, le col est dans une crête rocheuse qui forme des pics pointus comme les dents d’un crocodile. La montée est assez longue et il y a un peu de neige. Arrivés au col, on est entre deux pointes rocheuses, sur un névé qui est comme « coincé entre deux dents » et il ne faut pas avoir le vertige parce que c’est aussi abrupte d’un côté que de l’autre.

La descente est dans une pente très raide. Je glisse sur un mélange de rochers et de neige. Un peu plus bas, Nico tombe à son tour sur les rochers. Alors on se tient par la main et là, évidemment, on tombe ensemble ! Rien de cassé, même pas une égratignure.

On arrive bientôt à un petit lac de glace fondue tout bleu clair, adorable. L’après-midi, on descend dans les fleurs. On traverse des villages, poétiquement nommés « Merdeux » et « Gorre ». Puis on tombe sur l’autoroute. On perd une demi heure à faire des allers-retours à la recherche d’une alimentari parce qu’on nous a donné de mauvaises infos.

Etape 30 : Saint Oyen – Rey (Ollomont)

Mardi 19 juin 2007 – Solenne

Ce matin, on prend un chemin parallèle à la Alta Via, balisé numéro 15. Les balises sont encore là de temps à autre, mais le chemin à disparu sous la végétation. On a des herbes jusqu’à la taille. En plus ça monte. On brasse là-dedans 3/4 h. Il faut vraiment il croire pour continuer ainsi. D’un coup, on débouche sur un patelin : Eternod. On dit merci au GPS intégré de Nico.

Ensuite, on repart vers le col de Champillon. On traverse des alpages très fleuris, c’est très chouette. Après quelques virages, on commence à monter. Deux bergers nous assurent qu’il y a de l’eau plus haut. On croise un torrent. On prend pas beaucoup car il y a deux bergeries dans la montées.

On ne recroisera jamais le torrent il n’y a d’eau à aucune bergerie. On crève de soif, le soleil tape fort et on a encore 800 m de dénivelé. On arrive au col à 13h10, pas si déhydratés que ça tout compte fait car on a bu une gorgée tous les 1/4 h. Il y a un refuge 30 min plus bas.

Le soir, on arrive au village de Rey et on trouve un endroit génial pour camper. On se baigne tout entier dans la fontaine. Après l’épisode de ce matin, ça fait du bien !

Etape 31 : Rey (Ollomont) – Quelque part à 1800 m

Mercredi 20 juin 2007 – Solenne

Bon, il y a eu des bons et des mauvais moments. Je commence par lesquels ?

Les bons :

  1. En descendant de Rey à Valpelline, on a trouvé pleins de fraises des bois. Délicieux !
  2. Les glaces italiennes, les fameuses Gelati, sont formidables.

C’est tout ! Les mauvais maintenant :

  1. Il n’y a pas de cartouches de gaz à Ollomont.
  2. Il n’y a pas de cartouches de gaz à Valpelline.
  3. C’est très dur de trouver du gaz à Aoste.
  4. Après un aller-retour Valpelline-Aoste en bus, on commence à marcher à 17h15, heure à laquelle on s’arrête d’habitude.
  5. On essaye un raccourci pour éviter la route, résultat : 1/2 h de perdue.
  6. On se prend l’orage.
  7. On ne trouve rien pour dormir à Pied de Ville.
  8. On commence à marcher dans la forêt, mais on ne trouve pas d’eau. On croise bien un torrent par 3 fois, mais sur des ponts à 30 m de haut.
  9. Quand on trouve enfin un endroit plat pour la tente, avec le torrent accessible, il est 21h30 !

Enfin, comme dit Nico, heureusement qu’il fait jour, car aujourd’hui, c’est le jour le plus long : 20 juin, solstice d’été, lol…

Etape 32 : Quelque part a 1800 m – Rifugio di Cuney

Jeudi 21 juin 2007 – Solenne

Comme on s’est couché tard et fatigué, on ne décolle pas avant 8h30 de matin. Une demi heure plus tard, on se prend un orage avec de la grêle. Ca commence bien… Heureusement, on s’abrite dans une ferme : Arp Damon. On s’arrête là jusqu’à 13h, pour être sûr que l’orage est passé. On mange et on peut même faire sécher nos affaires à la faveur d’une éclaircie.

On repart vers le col de Vessonaz en surveillant constamment les gros nuages noirs dans le ciel qui pourraient se transformer en orage. La montée est raide dans le sable et les petits cailloux. Je n’aime pas trop.

En arrivant au refuge de Cuney, une harde de 10 bouquetins nous attend. Trop beau ! On se lave dans un petit lac réchauffé par le soleil à 21°C. Finalement, le temps a bien tenu. Il y a quelques cumulus blancs et gris, mais le soleil tape fort quand même.

Etape 33 : Rifugio di Cuney – Rifugio Barmasse

Vendredi 22 juin 2007 – Nicolas

Nous partons après avoir passé une excellente nuit dans le petit refuge d’hiver de Cuney. Le temps est couvert et instable. Nous prenons quand même le chemin qui reste à flan de montagne pour rejoindre la Fenêtre de Tzan à près de 2800 m. Rapidement il se met à pleuvoir et nous nous abritons au bivouac Reboulaz.

Des bouquetins sont en train de lécher les pierres de la cabane pour un retirer les minéraux dont le sel. Pour un bivouac, la cabane est super chic. Bravo aux propriétaires qui mettent à disposition une si belle cabane avec un poêle et du bois. Il y a même du sucre et Soso est super contente pour son thé.

Nous repartons car le beau temps est revenu. Le passage de la Fenêtre d’Ersa nous offre notre premier point de vue sur le Cervin. Je suis époustoufflé !

Au refuge Barmasse, nous nous faisons escroquer par une vieille peau qui, après nous avoir fait un souper des plus basiques et des plus chers, nous fait payer le pain 1 euro et le compte 4 euros sur l’addition.

Etape 34 : Rifugio Barmasse – Lac du Tramail (Breuil-Cervinia)

Samedi 23 juin 2007 – Nicolas

Nous partons sous un soleil radieux. Le lac Cignana est un miroir parfait pour les sommets alentours. La montée à la Fenêtre Cignana est très rapide et en haut, c’est la grosse déception : Le Cervin est caché par une montagne. Heureusement, 50 m plus bas dans la descente, il apparait, majestueux, immense… Je fais des tas de photos… Je capote complètement. Toute la journée, on marche avec le Cervin au-dessus de nos têtes et j’en ai presque un torticolis.

Breuil-Cervinia est une station de ski plutôt moche, mais on trouve tout ce qu’il nous faut très rapidement. On repart vers le lac Goillet et on plante la tente à 2600 m, près du lac Tramail, proche du Theodul Pass, au pied du Cervin. Après les gnocchis gorgonzolla que Solenne adore, on se prépare pour une nuit glaciale. A 2600 m, il fera sûrement entre 0 et -5°C, alors pas de duvet jumelés pour ce soir.

Etape 35 : Lac du Tramail (Breuil-Cervinia) – Zermatt

Dimanche 24 juin 2007 – Solenne

Grâce à nos supers duvets, on a très bien dormi.
La suite à venir…

Repos : Zermatt

Lundi 25 juin 2007 – Solenne